Le Papier

Le papier pour un turfiste ,c'est la base. C'est le chemin qui mène au Graal.C'est ce qui différencie l'amateur de l'expert, le novice du vétéran, celui qui joue de celui qui gagne.
Je m'étais ce soir là couché fort tard, et c'est après avoir scrupuleusement épluché Paris Turf, Paris courses et Stato (notez la graduation) que mon choix s'est arrêté sur"quelquechose-neyev". En fait j'ai oublié le nom de ce cheval. J'invoquerai Saint Bernard (de Croix) pour que la mémoire me revienne. En attendant, ce sera "quelquechose-neyev".Donc ,disais-je,j'avais donné le meilleur de moi même.


Le cheval avait tout pour lui : l'aptitude au terrain lourd (c'était l'automne), un bon jockey, un entraînement en forme. On ne parlait que de lui, cette course était la sienne.
Le lendemain,dimanche, je m'étais organisé au mieux, libérant un fastidieux  "dimanche en famille" par un pretexte gastro-enteritique.C'est ainsi ,fermement installé au fond de mon canapé et la main agrémentée d'un pastis bien épais, que je m'apprêtai à savourer le quinté du jour.
Il faut dire quej'avais investi sur les chances de "quelquechose-neyev" une somme rondelette, évidemment au dessus de mes moyens.
Arrivé à ce point, ô lecteur, tu te demandes sûrement quelle sera la chute. Eh bien elle sera brève et rapide.En effet, l'équidé félon sur lequel j'avais misé tous mes espoirs, et accessoirement tout mon oseille, lui que je voyais comme un Pégase invincible, à qui je parlais devant l'écran comme à un fils...L'andouille a fait "pile " au lâcher de l'élastique, désarçonnant son infortuné jockey qui devait regarder le poteau d'arrivée,  ruinant mes rêves argentés.
Je n'ai pas regardé la suite, j'ai bu le pastis et mis en piéces les journaux. Puis je suis allé dormir.

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